Le diabète sucré est une endocrinopathie courante chez les chiens d’âge moyen et avancé et constitue un trouble complexe du métabolisme des glucides, des protéines et des lipides. Ce trouble, qui est le résultat d’un déficit partiel ou absolu en insuline ou d’une insensibilité des cellules périphériques à l’insuline, se caractérise par des concentrations si élevées de glucose dans le sang que le seuil rénal est dépassé. En conséquence, le glucose est excrété dans l’urine. L’osmose du glucose mène à une polyurie et, en réponse à cette perte de liquide, à une polydipsie. De plus, le métabolisme est altéré de sorte que l’état général de l’animal se détériore, pouvant causer la mort s’il n’est pas traité.
L’insuline est synthétisée et libérée par les cellules bêta des îlots pancréatiques. L’insuline aide à l’absorption cellulaire du glucose présent dans le sang, exerçant ainsi un effet hypoglycémiant. Dans les cellules, l’insuline favorise l’anabolisme (tel que la synthèse du glycogène, des acides gras et des protéines) et empêche les événements cataboliques (réduit la gluconéogenèse et inhibe la dégradation des graisses et du glycogène).
Alors que l’insuline abaisse la glycémie, il existe des hormones opposées (glucagon, cortisol, progestérone, adrénaline, hormone thyroïdienne et hormone de croissance) qui augmentent la glycémie. Il est important de prendre en compte ces hormones contre-régulatrices, car les modifications de leurs concentrations sanguines interfèrent avec l’action de l’insuline. Des modifications à ces hormones peuvent survenir dans des conditions physiologiques naturelles, dans des états pathologiques ou à la suite de l’administration de médicaments.
En l’absence de suffisamment d’insuline, les chiens diabétiques passeront du métabolisme du glucose au métabolisme des graisses pour obtenir de l’énergie cellulaire. Bien que cela soit initialement bénéfique, le métabolisme des graisses dans le contexte d’un diabète non reconnu ou non traité évolue généralement vers une kétoacidose et enfin vers la mort.
Le diabète sucré n’est pas lié au diabète insipide, une maladie rare qui survient lorsque les reins sont incapables de réguler les liquides dans le corps. Le diabète insipide se caractérise par une carence ou une réponse inadéquate à une hormone appelée vasopressine.
Il est estimé que la prévalence du diabète sucré chez le chien s’élève à 23,6 sur 10 000.1
Certaines races semblent plus à risque de développer un diabète canin :
- Cockers
- Teckels
- Doberman Pinschers
- Bergers allemands
- Golden Retrievers
- Labrador Retrievers
- Poméraniens
- Terriers
- Caniches miniatures
- Schnauzers miniatures
- Keeshonds
- Samoyèdes
Le diabète survient généralement lorsque les chiens ont entre 4 et 14 ans. Les chiennes non stérilisées sont deux fois plus susceptibles que les mâles de souffrir de diabète.
1 Banfield State of Pet Health 2016 Report. p 12-13.
Le pronostic du diabète sucré dépend principalement de sa cause, d’un diagnostic précoce et d’un traitement adéquat. En général, le pronostic est très bon, à condition que le diagnostic soit posé à un stade précoce et que le traitement soit correctement administré.
La plupart des formes de diabète peuvent être gérées avec succès grâce à l’insuline, la pierre angulaire d’une prise en charge réussie, mais des ajustements alimentaires et le maintien d’une saine routine d’alimentation et d’exercice physique sont également importants.
Une bonne communication entre le client et le vétérinaire est également extrêmement importante. Vos encouragements influenceront largement la motivation du propriétaire de l’animal et son assiduité envers le traitement. Les clients doivent bien comprendre la maladie pour réussir à atteindre et maintenir une bonne stabilité diabétique et être complètement dévoués à leur chien.
Le personnel de la clinique doit également comprendre les bases du diabète et de sa gestion. Ils jouent un rôle important en fournissant de l’information détaillée, des instructions et des encouragements aux clients.
Plusieurs systèmes de classification ont été utilisés pour décrire le diabète sucré. Un système de classification pour humains révisé en 1997 divise la maladie en trois types : type 1 (connu auparavant sous le nom de diabète insulinodépendant ou diabète juvénile), type 2 (connu auparavant sous le nom de diabète non insulinodépendant ou diabète de l’adulte) et d’autres types spécifiques de diabète (auparavant diabète secondaire ou de type 3).
Le diabète chez le chien se rapproche du diabète de type 1. Les chiens atteints de la forme insulinodépendante de la maladie nécessitent des injections quotidiennes d’insuline pour contrôler les signes de la maladie et retarder les troubles multisystémiques associés au processus de la maladie diabétique. L’utilisation d’hypoglycémiants oraux n’est pas recommandée chez les chiens diabétiques, car ils nécessitent généralement une production d’insuline, ce qui manque à la majorité des chiens diabétiques.
Les chiens non traités présentent généralement une perte de poids malgré un appétit bon ou excessif, une polydipsie et une polyurie. Ils peuvent souffrir de déshydratation et d’anomalies métaboliques et électrolytiques si une acidocétose grave se développe. Les chiens diabétiques non traités ou mal gérés souffrent d’une qualité de vie réduite et la plupart meurent s’ils ne reçoivent pas de traitements ou de suivis appropriés.
La toxicité au glucose survient lorsque la sécrétion d’insuline est réduite par une hyperglycémie prolongée. Une hyperglycémie prolongée peut survenir pour plusieurs raisons telles que l’administration de corticostéroïdes ou de progestatifs. L’utilisation thérapeutique prolongée de fortes doses de glucocorticoïdes peut induire un diabète sucré. L’utilisation de progestatifs exogènes peut entraîner un excès d’hormone de croissance. Les progestatifs ont également une affinité pour les récepteurs des glucocorticostéroïdes.
Si la dose d’insuline est trop élevée, des signes cliniques d’hypoglycémie peuvent être observés. L’hypoglycémie peut également être déclenchée par des événements provoquant une surdose relative d’insuline :
• Perte d’appétit
• Vomissement
• Exercice excessif
Les signes cliniques de l’hypoglycémie, par ordre croissant de gravité, sont :
• Abattement et perte d’appétit
• Faim
• Agitation
• Frissons
• Ataxie
• Désorientation
• Convulsions et coma
• Administration orale immédiate d’une solution de glucose ou de sirop de maïs (1 g par kg de poids corporel). Les animaux abattus ne devraient pas recevoir de grandes quantités de liquide par voie orale, car cela pourrait entraîner une pneumonie par aspiration. Il est préférable ici de frotter une petite quantité de solution de glucose ou de sirop de maïs sur les gencives de l’animal ou sous sa langue.
• Les propriétaires d’animaux diabétiques doivent toujours disposer d’une source de glucose à portée de main. Après une administration d’urgence réussie de glucose par voie orale, de petites quantités de nourriture doivent être proposées à des intervalles de 1 à 2 heures jusqu’à ce que les effets du surdosage d’insuline aient été neutralisés.
• Si la dose d’insuline est trop élevée, elle doit être réduite, par exemple d’au moins 10 à 50 %. Une visite de suivi doit être planifiée 1 semaine après avoir réduit la posologie pour évaluer la réponse au nouveau dosage.
2 Tennant B, ed. BSAVA Small Animal Formulary. 4th ed. Gloucestershire, UK: British Small Animal Veterinary Association; 2002.
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